WAR-SAV! pour en finir avec le patriarcat

by | 28 Nov 2022 | Evénement | 0 comments

Une marche féministe pour en finir avec les violences et harcèlements sexistes et sexuels,

Plus de 300 personnes se sont réunies ce samedi 26 novembre 2022 à Quimper dans le cadre de la journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Ont pris la parole le collectif Nous Toutes Quimper, le Collectif Trans En Finistère Sud, la Ligue des Droits de l’Homme Quimper, et des élues de la mairie de Quimper et QBO. Nous tenons à remercier la Fanfare Invisible de Douarnenez pour leur superbe participation, ainsi que l’équipe sécurité CTEFS !

Discours du CTEFS,

La semaine dernière nous rendions hommage aux victimes de transphobie.
Depuis le 1er janvier 2022, 329 personnes trans, queers et travesties ont été recensées mortes dans le monde pour des raisons transphobes.

98% des victimes étaient personnes étaient des femmes,
– 79% étaient des personnes racisées,
– 62% étaient des travailleur-euses du sexe,
– et 50% étaient des personnes migrantes.

Ces valeurs ne montrent que partiellement l’ampleur des violences  dans le monde.
Il est fait état d’un lien entre les victimes et leurs droits, le manque de droits engage un manquement en terme de sécurité. Il a toujours été question de droits, dans les luttes trans ou dans les luttes pour les droits des femmes de manière globale. Du droit de vote, au droit à l’avortement, le droit à la parentalité ou à la pratique sportive.

Aucun droit n’est acquis lorsque l’on fait parti d’une « minorité de genre ».

Nous l’avons constaté aux états-unis où les personnes trans ont perdu nombre de libertés, tel que le droit de faire du sport ou d’utiliser des toilettes publiques. Ça semble absurde, et pourtant s’en est suivi un déclin dans les droits des femmes avec notamment la remise en cause de l’avortement.

Et en France actuellement nos identités trans sont questionnées, négligées. Le droit à la parentalité ne nous est pas accordé, l’accès à l’avortement autorisé ou remboursé est questionné. Les choses avancent doucement, mais en parallèle nous  constatons une banalisation des discours racistes et réactionnaires au niveau national, avec une montée de l’extrème-droite.

Cette semaine s’est tenu un vote à l’assemblée nationale pour entrer le droit à l’avortement dans la constitution, 32 députés ont voté contre, dont une majorité au rassemblement national ou chez les républicains.

89 député-e-s d’extrème droite à l’assemblée nationale.

Nous parlons souvent de transphobie, mais en réalité il s’agit d’une notion de sexisme, de discriminations et préjugés qui se basent sur la norme cisgenre hétérosexuelle. Au même sens que ce soir nous manifestons contre la transmysoginie, qui est l’intersection entre la mysoginie et la transphobie.

Les femmes trans sont également sujets aux discriminations sexistes comme les agressions sexuelles ou le harcèlement de rue, aux regard insistants des hommes, les sifflements ou les invitations inappropriées.

Il n’est pas simplement question d’être trans, mais bien d’être une femme dans l’espace publique.

Lorsqu’on prend la parole, on la prend en pensant à celles qui ne peuvent plus la prendre. Lorsque l’on manifeste, c’est pour montrer que nous ne sommes pas d’accord avec ce système patriarcal.

Nous manifestons aujourd’hui samedi 26 novembre à Quimper pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles, pour dire stop à la transphobie, la biphobie et la lesbophobie, pour dire stop à l’impunité des agresseurs, pour dire stop à la banalisation et à la minimisation des violences.

 

Discours de Nous Toutes Quimper,

Le 29 octobre, à Carantec, Florence et ses deux filles ont été assassinées par leur mari et père. Le lendemain, la presse titrait « drame familial » comme un constat et en banalisant un crime qui aurait pu être évité si la société avait fait le nécessaire pour protéger les victimes. La mère de famille avait signalé des faits de violence. Selon le procureur, « le mis en cause aurait sans doute été entendu dans les prochains jours si ce drame n’était pas intervenu ». Trop de conditionnel. Trop de peut-être, de sans doute, de prochains jours. Trop de dysfonctionnements. Trop tard.

Parce que le crime a eu lieu à nos portes. Parce que le meurtrier avait tout du bon père de famille. Ni déséquilibré, ni alcoolique, ni immigré. Ce féminicide nous rappelle que ça n’arrive pas qu’aux autres. Ailleurs. Loin de nous.

Parce que la victime avait signalé une gifle mais estimait qu’elle n’était pas en danger. Ce féminicide nous rappelle la difficulté d’oser dénoncer les violences. Mais aussi que mourir sous les mains d’un homme qu’on a aimé, qui affirme nous aimer, d’un homme avec qui on a fait des enfants, d’un homme la plupart du temps gentil, serviable, aimable, ça arrive. Et encore trop souvent.

Les hommes qui tuent, qui frappent, qui humilient, qui détruisent physiquement ou psychologiquement les femmes ne sont pas des monstres tout droits sortis des imaginaires des contes de fées destinés à mettre en garde les petites filles. Ce sont nos pères, nos frères, nos voisins, nos amis, nos collègues. La violence envers les femmes est partout, dans les villes, comme dans les campagnes, dans les foyers les plus favorisés comme dans ceux plus fragilisés, dans l’intimité, au travail, entre amis, dans la rue.

Les hommes qui agressent, qui insultent, qui violent des femmes ne sont pas des exceptions, des malades mentaux, des pervers, des frustrés. Ce sont des hommes qui usent et abusent de leur domination, surs de la légitimité de leur supériorité et qui comptent sur le silence des victimes.

Parce qu’à Carantec, deux petites filles sont mortes, victimes collatérales d’une société qui n’a pas su les protéger. Ce triple meurtre nous rappelle que les enfants sont les victimes oubliées des violences intra familiales. Combien sont-ils à assister impuissants à des scènes de violence au sein même de leur maison ? A servir d’objet de chantage. De menaces. Parfois même après la séparation des parents.

En moyenne, un féminicide est enregistré tous les deux jours ½ (contre un tous les trois jours en 2020).

Chaque année, 94 000 femmes âgées de 18 à 75 ans déclarent avoir été victimes d’un viol ou d’une tentative de viol.

1 femme sur 7 déclare avoir vécu au moins une forme d’agression sexuelle (hors harcèlement et exhibition) au cours de sa vie.

Ce sont 6,7 millions de français·es qui ont subi l’inceste.

Et en Bretagne?

– 2 féminicides en avril,

– 2 en juillet

– 1 en août,

– 1 femme et deux fillettes en octobre

Doit-on laisser la justice faire son travail ?

Les chiffres sont sans appel : 80 % des plaintes pour violences au sein du couple sont classées sans suite ; La majorité des victimes de féminicides avait saisi les forces de l’ordre ou la justice ; 2 victimes sur 3 font état d’une mauvaise prise en charge lorsqu’elles veulent porter plainte ; La majorité des plaintes pour harcèlement sexuel au travail sont classées sans suite ; seulement 0,6 % des viols sont condamnés ; 92 % des enfants qui parlent des violences sexuelles ne sont pas protégé·es.

Bien sûr, une prise de conscience collective a eu lieu. Mais elle n’est pas suffisante. L’ensemble de la société et les pouvoirs publics doivent regarder en face cette situation, qui ne relève pas de dysfonctionnements ponctuels, mais d’un système qui reproduit les mécanismes de violences et de domination qu’il est censé combattre.

N’oublions jamais que les violences sexistes et sexuelles surviennent partout, et tout le temps. Elles trouvent racine dans le patriarcat et se situent aussi, souvent, au croisement d’autres discriminations racistes, validistes, LGBTQIA+phobes, grossophobes, âgistes,…

Si on veut que ça change, chacune et chacun doit prendre sa part au combat. Il ne s’agit pas d’un combat des femmes contre les hommes mais de tous et toutes contre un système qui tolère, qui banalise, qui excuse les violences.

Merci à Julie et Kam pour les photos !

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