Communiqué de Presse : Quimper, « zone de libertés LGBT » ?

by | 13 Jan 2022 | Administrations, Mairie | 0 comments

Quimper, « zone de libertés LGBT » ?

 

Communiqué de Presse, en réponse à l’article du 09/01/2022 paru dans Le Telegramme, qui traite des contraintes administratives vécues par les personnes trans à la mairie de Quimper.

Jeudi, le 13 Janvier 2022,

Tout d’abord nous sommes ravi·e·s d’avoir pu collaborer avec Mme BOUCHET par le biais de son entretien avec une des militante du CTEFS. Son article met la lumière sur les agissements de la mairie. À titre indicatif, nous souhaitons en compléter le contenu.

Une anecdote désolante y est relatée : celle de la remarque d’un jeune pompier, la vingtaine, qui ironisait « enfin, monsieur-madame ! » après s’être rendu compte à la lecture des papiers d’identité obsolètes de Christelle* que cette femme est trans. Tel qu’on le découvre dans l’article, le pauvre sauveteur du peuple pourrait presque passer comme victime de la situation, or ce dernier se moquait bel et bien d’elle en présence d’une quarantaine de personnes venues se faire vacciner. Il n’est pas question d’erreur involontaire, il est question d’humiliation.

Cette anecdote est presque banale dans la vie des personnes trans qui n’ont pas encore vu leur situation administrative régularisée. Mais ce n’est pas suffisant pour illustrer la réalité des problèmes qu’engagent les documents d’identité non actualisés. Par exemple, être moqué·e, nié·e voir violenté·e lors d’un contrôle d’identité, ce qui est plutôt monnaie courante depuis la mise en vigueur du pass sanitaire. S’ajoute à cela que les autorités compétentes ne sont plus les seules à pouvoir exiger un justificatif d’identité. Christelle* le rappelait bien dans son courrier adressé à Madame NECTOUX, vice-procureur : ne pas avoir une carte d’identité actualisée qui s’accorde au prénom d’usage, à l’expression de genre de la personne, à son identité sociale, met en danger la personne concernée (si l’intervenant·e ne fait pas preuve de bienveillance par exemple, ou si une personne transphobe en est témoin) ; limite son accès aux droits et actes simples de la vie civile (incapacité de retirer un colis, difficultés de reconnaissance à la banque, difficultés de dépôt de plainte au commissariat, tickets nominatifs dans les transports en commun, accès au système de santé entravé, …) ; empêche l’accès à des services numériques de base imposant un justificatif (URSSAF, Réservations de logements, réserver un billet d’avion, …) ; etc.

Nous avons pu lire avec effarement dans les commentaires en ligne faisant suite à l’article que certaines personnes non concernées pensent encore qu’entamer une transition de genre est « un choix » des personnes trans, et qu’il leur faut dans ce cas en assumer les conséquences et s’effacer un peu plus encore. Nous souhaitons leur rappeler que transitionner n’est pas un choix pour tous·tes les trans et que peu importe d’ailleurs puisque les personnes trans assument bel et bien des parcours difficiles dans un monde majoritairement transphobe. Des parcours dans lesquels des personnes se placent en juges de nos transitions lors de nos demandes médicales et administratives, des parcours dans lesquels les violences verbales et physiques sont quasi quotidiennes. Il est alors alarmant d’observer un service public, en 2021, nous empêcher d’accéder à nos droits sachant que ses salarié·e·s sont missionné·e·s par nous pour simplifier nos démarches administratives !

Monsieur GRAMOULLE, premier adjoint en charge de la coordination du projet de l’administration de la ville de Quimper, s’étonne et se désole de la situation de Christelle* mais alors qu’il a le dossier en charge décide de le renvoyer à la Procureure de la République. Il se justifie par la nouveauté de la situation due à sa récente prise de fonction et par sa méconnaissance du sujet. Il atténue la gravité de son acte par l’usage du terme « demander conseil au procureur ». Demander conseil sur un dossier c’est passer un coup de fil à un·e juriste, et non renvoyer la décision à un tribunal surchargé en ayant conscience que ce dossier mettra des mois à être traité ! Il faut savoir que les demandes de changement de prénom à l’état civil ne sont pas rares à Quimper. La mairie refuse des demandes de changement de prénoms. Ici, il s’agissait d’un dossier « incomplet » car absence de justificatifs médico-psychologiques. Pour rappel : imposer ces documents est illégal, acté dans la loi depuis la Circulaire du 17 Février 2017 de présentation de l’article 56, I de la loi n° 2016-1547 du 18 Novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle. D’autant que l’OMS a acté la l’arrêt de la psycho-pathologisation des transidentités en 2019. En tant qu’association communautaire identifiée on nous témoigne d’autres refus durant le mandat de M. GRAMOULLÉ notamment celui d’un homme transgenre s’étant vu refusé sa demande en été 2021, jugée non légitime car non hormoné, avec un nouveau prénom jugé trop féminin. Ce sont des graves erreurs administratives. Le défenseur des droits rappelle en 2020 à l’administration française le caractère simplement déclaratif des transidentités. En effet, la reconnaissance face à la loi des transidentités a été démédicalisée par différents textes depuis 2017. On nous témoigne par ailleurs que le service d’état civil de Madame COMPAORE, responsable de ce service, néglige l’accueil des personnes trans, notamment en mentionnant la mauvaise civilité de ces personnes , en refusant des dossiers…

En 2015, l’association Ouest Trans intervenait à la mairie à titre formateur, et depuis toutes les propositions de renouvellement des connaissances se sont vues refusées. Or, comme précisé précédemment, le parcours administratif concernant les personnes trans s’est vu réformé en 2017 : une petite mise à jour ne serait-elle pas nécessaire ?

d’erreurs et de mépris pour une ville qui s’autoproclame sans l’avis des concerné·e·s « Première Ville de Libertés LGBT+ ». La Ville de Quimper ne brille toujours pas pour son inclusivité et rien n’a été fait pour les personnes trans depuis le début du mandat de Mme ASSIH.

Enfin, on retrouve avec toute la délicatesse des charognards, sur la même page que cet article du Télégramme, une espèce de récupération de l’évènement par trois élu·e·s LREM. Ils et elles vantent sans honte les effets à venir de ce label vide de sens et d’acte. Ces dernier·e·s ne seront légitimes à se dire alié·e·s aux luttes LGBTI+ que lorsque leur parti au pouvoir accueillera les personnes LGBTI+ réfugiées en France, leur fournira inconditionnellement le droit d’asile, aux femmes afghanes aussi, ainsi qu’à toutes les personnes qui le demandent tant qu’à faire, peu importe leur genre ou orientation sexuelle et leur pays d’origine.

Et oui, très chère République en marche, les luttes LGBTI+ sont historiquement de gauche. Voulez-vous vraiment vous en faire le relais ?

À Propos :

Le Collectif Trans En Finistère Sud est une association de développement communautaire et intersectionnel, créée en 2021 en réponse aux agissements de la Mairie de Quimper. Twitter / Instagram : @CTEFSquimper. Mail : CTEFSquimper@riseup.net

Lien vers Le Telegramme

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