Journée Internationale de la Visibilité Transgenre, 2022
Discours tenu par le CTEFS, le 31/03/2022 :
La Journée Internationale de la Visibilité Transgenre a été créée en 2009 car jusqu’alors, le seul jour où nous mettions en lumière les personnes trans était un jour de deuil, la journée du souvenir trans. Aujourd’hui, nous souhaitons sensibiliser à la discrimination que nous subissons. Aujourd’hui, nous vous montrons que nous sommes là et que nous nous battons pour notre droit d’exister. Aujourd’hui on se souvient de celles et ceux qui se battaient bien avant nous, dans des conditions incomparables. Aujourd’hui nous remercions celles et ceux qui se battent encore.
Être visible est une arme contre l’obscurantisme, à l’heure ou les discours réactionnaires racistes se banalisent, à l’heure où s’envisage au gouvernement un candidat ou une candidate aux discours de haine. Cette visibilité n’a pas pour simple lieu de dire “on existe”, mais aussi bien pour rappeler que nos avancées sont des acquis fragiles, susceptibles d’être renversées par l’intolérance, oubliées, niées, laissées pour compte par la méconnaissance ou l’ignorance de nos vécus. Nous sommes là ce soir pour défendre nos droits, nos vies, des acquis, pour être entendu·e·s, pour que les lois définitives et claires soient respectées, pour que l’on acte une fois pour toute l’arrêt des mutilations sur les enfants intersexes, pour que l’on définisse un vivre ensemble dans une indifférence bienveillante.
Nous jugeons nécessaire de rappeler le confort dont nous bénéficions en France, de notre condition privilégiée dans le Monde, qui vous concerne tout autant que nous.
Les conflits, les guerres, les dictatures, l’intolérance, ces maux qui rongent notre Monde et les personnes qui y sont confrontées. Nous pensons tout particulièrement aux personnes transgenres et intersexes en Ukraine, dont la guerre affecte désormais le quotidien, l’accès aux soins et aux médicaments ; mais aussi les personnes trans et inter en Russie, en Tchétchénie, assassinées ou déportées depuis des années maintenant ; celles et ceux victimes de la Guerre en Syrie ; celles et ceux condamnées à mort en raison de qui iels sont ; celles et ceux dont leur pays ne leur reconnait aucun droit d’exister.A coté nos problèmes peuvent sembler moindre. Nous avons la chance que certaines de nos luttes aient pu évoluer en notre faveur. Nous avons la chance d’avoir des droits inscrits dans le code civil ; et pourtant, la lutte ne s’arrête pas là car ces derniers ne se voient même pas respectés.
Notre association, le “Collectif Trans en Finistère Sud” a été créée en réponse à des agissements transphobes au sein du service état-civil de la mairie. Des personnes se sont vues refuser leur simple demande de changement de prénom sous prétexte que “pas assez trans”, “pas hormoné”, ou “ne dispose pas de preuve psychiatrique ou médicale”. Or, depuis 2016, la loi inscrite dans le Code Civil est claire. Elle définit une démarche qui se veut simplifiée et démédicalisée.Aujourd’hui, nous subissons encore des discriminations de la part d’agents administratifs qui préfèrent suivre leurs convictions personnelles plutôt qu’un cadre légal.
Ce que nous revendiquons est simple et accessible ! Nous demandons un respect de la loi telle qu’elle est inscrite dans le Code Civil, et non la soumettre à interprétations individuelles. Nous demandons à ce que le personnel accueillant du public soit formé aux transidentités. Nous demandons à ce que le personnel médical, juridique, administratif, scolaire, social, la police et la gendarmerie soient formés aux transidentités. Nous demandons à ce que la procédure de changement de la mention du sexe à l’état civil soit libre et gratuite, sur déclaration en respectant l’autodétermination des personnes concernées.
L’été dernier, nous nous félicitions du passage de la loi bioéthique. Cette dernière est incomplète ! A quand le respect des personnes intersexes ? À quand une ouverture de la PMA, procréation médicalement assistée, aux hommes transgenres ? À quand l’autorisation pour les femmes transgenres ayant effectué un changement d’état civil, de disposer de leur gamètes préalablement conservées ? Nous demandons une reconnaissance des parentalités trans, un élargissement des modes de filiation, et de ne pas avoir à adopter son propre enfant pour être reconnu·e correctement père ou mère de ce dernier. Tout le monde n’a pas pour vocation d’être parent, alors laissons celles et ceux qui le désirent le droit d’y accéder !
Soyons fier·e·s de qui nous sommes, soyons solidaires et déter’ !
Pour conclure, il est nécessaire de rappeler nos revendications de droits et d’accès aux droits :
- Nous demandons un respect de la loi telle qu’elle est inscrite dans les textes officiels, sans avoir le besoin d’en faire un rappel de ces derniers,
- Nous demandons que le personnel accueillant du public soit formé aux problématiques transgenres et intersexes,
- Nous souhaitons que la France propose un asile aux personnes LGBTI persécutées dans leurs pays, sans conditions,
- Nous demandons une relecture du projet de loi bioéthique pour ré-étudier l’extension de la PMA aux personnes trans, ainsi qu’un élargissement des modes de filiation,
- Et dans cette relecture, nous demandons également l’arrêt des mutilations intersexes.
L’existransinter, marche annuelle des personnes trans, inter, et celleux qui les soutiennent, depuis 1997, se tiendra le 14 Mai 2022 à Paris. Il s’agit d’un espace de revendications et de résistance face à l’ordre établi. Elle dénonce la transphobie, la transmisogynie et l’intersexophobie en tant qu’oppressions systémiques et institutionnelles.
Nous sommes le cétéfesse, collectif trans en finistère sud,
Vive les Trans
Suite à ce rassemblement, à 20h, s’est tenu un groupe de parole en mixité choisie transgenre et en questionnement, qui aura accueilli une quinzaine de personnes.
Une Marche nocturne militante, première marche des fiertés quimpéroise, se tiendra le soir du 17 Juin, veille de la marche des fiertés de Brest.
Photographies ©Claude Herledan Photographe







Étaient présent·e·s Les Petrolettes 29 ainsi que la Ligue des Droits de l’Homme Quimper.
La presse nous a fait l’honneur de deux articles, ci-dessous. Nous étions une bonne trentaine de personnes et en sommes fier·e·s. Il est important que nos luttes soient visibles.


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